Débrief: Semaine 9 – Islande: L’aventure du Nord-Ouest

Cet article fait partie de la série Tour d'Europe
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Jour 53 : Au bout de la route nord-est

Nous partons le matin affronter la rustique piste 643 qui serpente vers le nord. Tantôt contournant un fjord, tantôt fleurant entre la roche et l’eau ou encore grimpant un col, … Elle n’est pas en très bon état et nous roulons lentement, mais le spectacle en vaut la peine.

Nous longeons l’océan pendant un petit moment. Zazou, l’œil rivé sur la mer, est à la recherche d’éventuelles baleines qui seraient de sortie. En effet, pour l’heure Tigrou n’en a pas encore vu, et ce serait dommage de quitter la région sans jamais en avoir croisé ! Alors que nous poursuivons cette route, Zazou demande avec insistance de s’arrêter immédiatement. Il y a là, tout prêt, juste au bord de la plage de sable que nous longeons, un magnifique petit animal qui nous regarde : on dirait un phoque. Nous le nommerons : Holly le phoque !

Nous garons tant bien que mal Bourriquet sur le bord de la route et nous nous emparons de nos jumelles, appareil photos, téléobjectifs et téléphones… Toute la panoplie du bon reporter. Nous descendons pour faire connaissance avec notre nouvel ami. Holly se prélasse tranquillement sur son rocher à quelques mètres du rivage. Nous passerons au final une bonne heure d’observation sur la plage, à admirer ses couleurs, ses traits et ses différentes attitudes. En effet, peut-être ravi d’avoir des spectateurs, Holly nous offre une jolie prestation : il tourne ta tête et regarde à gauche, puis à droite, il se dandine sur son caillou, il se gratte la tête avec ses nageoires palmées, il baille même ou s’étend la queue…. Tout cela pour notre plus grand plaisir! Et puis nous sommes tellement près que nous ne ratons pas une miette de tout son cirque ! Nous pouvons aussi scruter les moindres détails de son pelage, de son visage, ainsi que de ses membres. C’est vraiment peu commun d’en voir d’aussi près et nous sommes ravis de notre découverte. Nous voyant ainsi, avec tout notre équipement, nous roulant dans le sable pour photographier l’artiste, certaines voitures s’arrêtent. Ils auront eux aussi le droit à leur photo souvenir, mais ils ne s’attardent pas. Nous pouvons ainsi continuer à profiter de cet excellent moment, en intimité avec Holly. Un moment exceptionnel, romantique, et émouvant. Il faut dire que même sur la péninsule de Vatnses , pourtant réputée pour l’observation des phoques, nous n’avons pas eu droit à un tel spectacle !

L’heure tourne, et malgré notre grand attachement à cet adorable petit être, il est temps de se dire au revoir. Le départ est difficile. Holly nous regarde avec ses petits yeux ronds, et sautille en se tournant dans le sens vers lequel nous nous dirigeons. Cela complique nos adieux, mais il faut partir maintenant et le laisser rejoindre ses congénères. Peut être nous repasserons par là plus tard dans la journée, et nous pourrons à nouveau passer du temps tous ensemble – en famille – . Nous repartons donc, abandonnant le pauvre Holly sur son rocher.

Nous nous arrêtons ensuite, un peu plus loin, au village de Gjögur. Il semblerait, d’après des informations glanées sur internet, qu’il y ait un petit hot pot sympathique où nous aimerions batifoler un petit peu. Le village est minuscule, pourtant rien n’est indiqué, d’habitude il y a des panneaux avec un logo particulier indiquant la direction, mais là, rien. Comme il est l’heure de manger, nous nous arrêtons quand même pour préparer une petite salade.

Sur ces entre-faits s’arrête un 4×4 à côté de nous : il s’agit de Baptiste et Sandra, les deux Français que nous avions rencontré la veille. Contents de nous être recroisés, nous mettons en commun nos victuailles et mangeons tous les quatre dans Bourriquet.

Une fois bien rassasiés, nous arrêtons une passante pour lui demander où se trouve le hot pot. Elle nous indique qu’il est au-delà de « l’aéroport international » mais qu’il est privé et que les propriétaires se trouvent dans une maison à côté. Pour les fous d’aéronautique on vous laisse voir la page wikipedia sur l’aéroport en question qui n’a rien du tout d’international ! Ça n’en reste pas moins un aéroport très important car en hiver c’est le seul moyen de transport connectant la région au reste du pays, la route terrestre étant fermée …

Munis de l’adresse du propriétaire, Baptiste et Tigrou sont désignés volontaires pour chercher les tickets d’entrée au hot pot au prés du propriétaire. Celui-ci, un papy, ne donnera malheureusement pas l’autorisation et c’est bredouilles que nous repartons de Gjögur. Nos amis français repartent avant nous, ils vont eux-aussi vers le nord jusqu’à un autre hot pot qui se trouve tout au bout de la route.

Pour notre part, nous avons prévu d’aller quelques kilomètres plus loin dans le village de Arnes. Celui-ci est minuscule mais possède la particularité d’avoir deux églises face à face : une ancienne et une moderne, les habitants n’ayant pas réussi à se mettre d’accord sur la rénovation de la plus vieille… Tout juste arrivés, Tigrou met le pied dehors mais se fait aussitôt attaquer par des sternes arctiques il se met rapidement à l’abri dans Bourriquet. Hors de question de remettre le nez dehors et de flâner entre les églises ! Nous restons un moment dans l’espoir de faire quelques photos des sternes qui se déchaînent autour de nous. Quelques instants plus tard, le calme revient, les sternes s’attaquent à présent à une habitante du village qui semble se diriger vers une maison à côté de nous. Ces derniers poussent des cris qui glacent le sang. Ils la survolent tantôt de près, tantôt de loin, mais juste pour l’effrayer en lui fonçant dessus. Leur attitude est très menaçante, et Zazou revit le traumatisme de son attaque antérieure. La villageoise ne se laisse pas déstabiliser. Certainement habituée à ce genre d’attaques, elle fonce droit devant, capuche sur la tête (pour se protéger des bombes d’excréments que les sternes lâchent sur leur victimes) et les yeux rivées vers le sol. Nous espérons avoir immortalisé ce moment grâce à la dashcam, malheureusement on se rendra compte plus tard que le moteur étant coupé, rien n’a été filmé…:-(

Ne pouvant pas descendre vu l’ampleur de la menace, nous préférons poursuivre notre route et arrivons bientôt au hot pot de Fell. Il s’agit en fait d’une piscine quasiment située sur la plage et qui est alimenté par des sources d’eau chaude naturelles. Nous hésitons à y aller, mais c’est payant et il y a déjà du monde. Nous avons pris l’habitude de nous trouver seuls au monde en Islande, il n’est donc pas question d’aller nous mêler à la « foule ». Enfin tout est relatif : ce qu’on considère comme foule ici est loin de l’être par chez nous en France ou au Maroc…

Alors que nous tergiversons, un 4×4 arrive droit vers nous, et ce sont à nouveau Baptiste et Sandra ! Ils nous racontent qu’ils sont allé voir un pêcheur alors qu’il rentrait au port pour essayer d’acheter du poisson, et que celui-ci leur en a carrément donné un ! Ils nous proposent de partager leur belle prise, ce que nous acceptons volontiers : c’est l’occasion de ressortir le barbecue ! Nous nous dirigeons vers le village en contrebas, et voilà que Zazou aperçoit un petit bateau rentrer au port. A première vue, il à l’air d’un bateau privé et ne ressemble en rien à un bateau de pêche. Zazou insistant un peu, arrive à convaincre Tigrou d’aller voir ça de plus près, et nous nous arrêtons sur le port de Krossnes.

Nous avons de la chance car il s’agit bel et bien d’un pêcheur qui rentre avec sa cargaison. Il est en train de décharger son poisson et le camion frigorifique (un semi-remorque : on se demande bien comment il fait pour passer par la piste!) est là prêt à charger les caisses, qui sont empilées sur le quai. Tentant crânement sa chance, Zazou se faufile entre les caisses de poisson, le bateau, et le camion frigorifique, et demande au pêcheur « some fish to buy». Le pêcheur fait un signe à Zazou, le pouce levé en l’air, indiquant qu’il répond par la positive à sa demande. Cette dernière est donc déjà entrain d’établir sa stratégie de marchandage dans sa tête. En effet, même si nos amis Baptiste et Sandra on eu du poisson gratuit, rien ne nous dit que pour nous l’addition ne sera pas salée ! Mais il n’est est rien : le pêcheur demande au chauffeur du manitou de soulever la dernière caisse et il prend dedans un énorme aiglefin. Il le tend à Zazou en rajoutant que c’est un cadeau pour elle. Touchés par tant de générosité, nous insistons pour avoir un prix ou de donner quelque chose en retour. Le pêcheur nous explique qu’il n’en tirerait pas beaucoup d’argent de toutes façons et qu’il est content de nous l’offrir. Zazou fait un bisou au pêcheur pour le remercier avant de poser avec l’animal !

Nous retrouvons Sandra et Baptiste et leur annonçons que nous avons le dessert ! Mais le plus difficile reste à faire car il faut le préparer… avec les moyens du bord … soit pas grand-chose.

Heureusement Bourriquet est un peu équipé et c’est sur le bord de la plage que Zazou et Baptiste, nos deux apprentis poissonniers, écaillent, vident et lèvent les filets à l’opinel ! Une fois le travail terminé, nous prenons une petite route (encore plus petite que les autres, c’est dire!) qui grimpe jusqu’à un col où nous trouvons l’endroit parfait pour diner, et même passer la nuit.

Après avoir lutté pour faire prendre le barbecue (le mélange charbon islandais et allume-feu bulgare n’est pas très efficace) nous faisons enfin griller le repas et nous nous régalons de bon poisson frais. La peau du ventre bien tendue, nous faisons un dernier salut au soleil couchant, et nous nous endormons mettant fin à cette journée riche en rebondissements. Nous plantons notre drapeau islandais à l’arrière de Bourriquet et entamons la logistique du dodo. En effet, il paraît que les locaux n’aiment pas trop les campeurs sauvages. Nous avions même entendu des histoires comme quoi ils viendraient secouer les véhicules des campeurs dans leur sommeil. Il est même arrivé que la police intervienne pour raccompagner les campeurs sauvages au camping le plus proche… Nous avions donc eu l’idée d’afficher un drapeau islandais pour semer le doute sur la nationalité des personnes présentes dans le véhicule. En espérant que cette tactique fonctionne !

Ojectif du lendemain : Revenir à Drangsnes et contourner la péninsule vers le Drangajökull

Jour 54 : Vers le Drangajökull

Après une bonne nuit de sommeil et des adieux à Sandra et Baptiste qui ne vont pas rester plus longtemps dans les fjords de l’Ouest, nous redescendons par l’unique piste 643 jusqu’à Drangsnes. Sur le chemin, nous nous arrêtons à l’ancienne usine de harengs de Djúpavík. Le boom et le déclin de l’industrie du hareng a marqué tout l’histoire de l’Islande, et c’est particulièrement le cas à Djúpavík.

La ville a été crée en 1917 avec l’installation de la première usine de harengs, elle fit faillite en 1919 et il n’y eu pas d’exploitation dans les années 1920. En 1934 une autre usine fut construite. C’était à l’époque le plus gros bâtiment d’Islande en béton, et parmi les plus grand du monde. Durant une dizaine d’année, les pêches de harengs étaient florissantes et le développement économique s’en suivit. Pourtant, les ressources commencèrent à s’épuiser à partir de 1944 et en 1948 quasiment plus aucun harengs n’étaient péchés. Malgré des tentatives de diversifications à d’autres espèces, l’usine ferma définitivement en 1954.

Aujourd’hui, elle fait l’objet d’un programme de conservation et nous avons l’opportunité de visiter deux expositions d’artistes Islandais. La première se tient dans une pièce bétonnée du sol au plafond avec de grandes baies vitrées et une grande hauteur sous plafond, ce qui confère aux créations artistiques une dimension particulière. L’artiste Islandaise s’est attelée à remplir la profondeur de cette pièce par une multitude de formes cylindriques fabriquée en laine, suspendues au plafond. Tel une araignée qui a tissé sa toile, l’artiste comble le néant avec une succession d’éléments. Les formes, émergeant du sol bétonné contrastent avec celui ci par des couleurs vives et autres pastels. La création a été faite en tricot/crochet, activités préférées des Islandaises. L’exposition est tout à fait originale mais nous fait tout de même penser au mouvement de Yarn Branding, mouvement artistique américain, qui consiste à couvrir des objets communs, publics, de fil tricoté ou crocheté. Les lampadaires et autres mobiliers sont couverts de ces créations souvent de couleurs vives, tel que l’artiste à habillé ici cette tranche de l’usine désaffectée.

Notre visite se poursuit dans l’enceinte de l’usine. La seconde exposition se trouve dans une salle bien plus grande que la première. Le sol bétonné et le haut plafond sont jonchés de poutres qui délimitent l’espace. Cette séparation, certainement faite pour organiser les lignes de production, vient se faire bousculer par les œuvres exposées pour créer un nouvel ordre. L’exposition est principalement composée de photos. Il s’agit à plus précisément, d’un bric à brac joyeux mêlant des photographie fortuites, des échantillons de sable, des objets curieux, des coupures de presse relatant la difficulté des réfugiés à avoir un titre de séjour régulier…. Nous sommes au cœur de la vie quotidienne des Islandais avec des clichés pris à l’intérieur des maisons. Au fond de la pièce, un maigre escalier qui n’a pas l’ai très solide mène à l’étage. Nous décidons de l’emprunter pour poursuivre la visite. Arrivés en haut, l’étage se compose en deux parties : juste en face de nous, une suite de photographies alignées. Ces dernières nous amènent cette fois ci à l’extérieur des maisons, en exhibant au fur et à mesure, de magnifiques paysages, des maisons islandaises abandonnées, des montagnes … Une suite logique de l’exposition du bas. Enfin sur la gauche, juste derrière l’escalier en bois, une grande tablée est dressée. Les sets de tables sont en place et les assiettes creuses attendent qu’on y serve la très connue soupe de poisson locale. Il y a aussi des planches à découper ainsi que deux plaques à induction. Il y a un groupe de touristes qui visite l’usine avec un guide de l’autre côté et nous traînons la patte en espérant que cela leur soit destinés et pouvoir nous greffer au groupe. Malheureusement, en y regardant plus prêt, nous ne sommes pas arrivés au bon jour. En effet, cette tablée est en place par l’association « fish soup project » qui propose de faire déguster l’authentique soupe de poisson islandaise une fois par semaine, le samedi midi. N’ayant pas pu goûter à la soupe nous embarquons néanmoins la recette, qui semble être mise à disposition des participants.

Nous voici à nouveau en route pour rejoindre Drangsnes. N’ayant pas pu nous doucher la veille, nous nous rendons aux douches gratuites des hots pots! Le voyage en van nous aura appris qu’il faut utiliser les douches et autres commodités lorsqu’on en croise, car souvent il se passe beaucoup de temps entre une douche gratuite et une autre. On à toujours le choix de payer pour les douches mais l’eau n’est pas toujours chaude et puis si on peu éviter de payer c’est toujours ça de gagné… Nous profitons donc de cette opportunité et prenons une bonne douche pour enlever l’odeur du poisson qui s’est incrustée après le massacre de la veille. Tout beaux tout propres, nous filons charger les réservoirs d’eau au camping à côté, et nous nous apprêtons à traverser la péninsule par la magnifique route 61.

Sur la route, nous nous arrêtons à un point de vue et en profitons pour une relaxante pause déjeuner. Zazou mettra tous ses talents culinaires pour nous préparer un bon tajine de poisson, avec les moyens du bord ! Le résultat est finalement délicieux. Bien meilleur que la veille au barbecue, la chair du poisson s’est bien imbibée d’un mélange d’épices (coriandre, persil, cumin, paprika, citron, ail, sel et poivre : il faut avoir la main généreuse!) et fond dans la bouche. Le poisson a été mariné une petite demi heure et ensuite plongé dans la sauce de tajine, pas plus de 10min, pour que la chaire reste bien tendre. Le tout est extrêmement goûtu et nous regrettons de ne pas avoir partagé cette merveille avec nos amis français.

La peau du ventre bien tendue, nous poursuivons notre route vers le nord via l’ouest. Au détour d’un virage, nous tombons nez à nez avec le Drangajökull. Ce glacier est le plus au nord de l’Islande. Il descend par une langue glaciaire dans le fjord Kaldalón et offre un spectacle impressionnant.

Ce beau spectacle nous donne envie d’aller voir le glacier de plus prés. Il y a d’ailleurs une randonnée qui permet de bien se rapprocher de la fin du glacier et ainsi mieux le contempler. Cela semble plutôt intéressant. Nous arrivons au parking, lieu de départ de la randonnée. A vrai dire, nous nous arrêtons juste avant le parking car il y a un petit gué que Bourriquet n’ose pas trop franchir. Il ne semble pas très profond et il y a de l’autre côté du gué, un kangoo de location… Malgré cela, mieux vaut ne pas tenter le diable ; nous laisserons donc Bourriquet de l’autre coté du gué. Nous nous équipons de nos habits les plus chaud, et nous partons à le recherche des cairns pour démarrer notre marche. Dans notre avancée, nous voyons deux personnes revenir de la randonnée : il s’agit encore de Sandra et Baptiste. Nous nous disons au revoir une bonne fois pour toute, échangeons nos coordonnées et repartons vers notre marche tandis qu’eux redescendront vers le sud. Nous ne nous croiserons plus, en tout cas pas en Islande.

De retour de notre randonnée, qui d’ailleurs ne fut pas transcendante, nous reprenons le volant pour aller jusqu’au bout de la route. Arrivés là bas, se dresse une petite église au pied d’une turbulente rivière. Les nuages suspendus au dessus de la mer forment un voile sur la base des montagnes et donnent l’impression que les falaises flottent dans les airs. L’ensemble offre une atmosphère assez envoûtante au lieu.

Bien qu’originale, l’atmosphère ne nous inspire pas trop pour passer la nuit. Les alentours sont très dégagés et nous serions à découvert. Notre coup du drapeau a plutôt bien marché la veille, mais il y a un (petit) camping non loin. Nous préférons donc revenir au pied du glacier ce qui nous permettra en plus d’avoir une magnifique vue au réveil.

Nous rejoignons notre place de parking juste avant le gué, que Bourriquet ne veut toujours pas traverser. Nous nous installons et commençons la confection du souper. Nous avons encore pas mal de poisson, et compte tenu de la taille de notre frigo, il vaut mieux cuisiner tout ça avant que ça tourne ! Mais là , catastrophe : il n’y a plus d’eau ! Cela semble curieux car nous venons de recharger le réservoir. Nous concluons rapidement que c’est la pompe électrique de l’évier qui ne se déclenche plus. Aïe… En plus ici même pas de réseau donc on ne peut pas compter sur internet pour nous aider. Évidemment, c’est Tigrou l’ingénieur qui est désigné volontaire pour régler le problème ! Celui-ci sort son multimètre (il se dit qu’il a bien fait de l’emmener!) et se met à tester l’installation électrique. Ce n’est pas évident car il ne connaît pas le plan de câblage… Pourtant de fil en aiguille, et après de multiples tests de tension il apparaît que le contacteur du robinet fonctionne bien mais que c’est la pompe qui est HS. Évidemment, c’est le point le moins accessible du van …

Heureusement, nous avons une deuxième pompe à eau qui sert à charger le réservoir d’eau à partir de la réserve amovible. Tigrou va donc essayer de la démonter pour la mettre dans le réservoir principal. Un vrai ingénieux ! Le démontage de la pompe qui marche est facile, mais pour enlever la pompe HS c’est une autre histoire !

Une trappe de visite se trouve au fond du placard il est donc nécessaire de le vider entièrement et même de démonter les étagères pour avoir un peu d’espace. Ensuite il faut ouvrir la trappe ce qui est particulièrement difficile car celle-ci force énormément… Ceci étant fait, on à l’impression qu’une tornade est passée par là, il y a des habits et autres bricoles partout dans le van, nous avons à peine la place de nous mouvoir mais nous réglerons cela dans un second temps ; il faut d’abord boucler le dossier de l’eau. Après de longues minutes d’efforts, et grâce à sa force légendaire, Tigrou arrive à bout de sa mission et réussi à ouvrir le couvercle qui permet d’ouvrir le réservoir !

La pompe se trouve au fond du réservoir. Comme juste en dessous il y a une des batteries auxiliaires, il est hors de question de bricoler avec de l’eau qui risquerait de tomber dessus… on vidange donc toute l’eau propre et on perd tout notre stock…

Après l’épreuve de l’ouverture de la trappe de visite, le démontage-remontage de la pompe est une partie de plaisir et à l’heure du premier test : ça marche ! Par contre le réservoir est vide… Puisque nous n’avons plus de pompe pour vider la réserve dans le réservoir principal nous finissons par siphonner l’eau avec la bouche en maintenant la réserve plus haut que le réservoir. Pas évident mais ça marche : nous revoilà avec l’eau courante !

Tigrou n’est pas peu fier de sa réparation de fortune mais maintenant il va falloir retrouver une nouvelle pompe. Nous notons d’en prévoir toujours une de rechange. Celle qui a lâché avait été changée juste avant de partir. La durée de vie de ces petites bêtes ne semble pas très élevée… à moins qu’elles ne supportent pas bien les secousses des routes d’ici.

Il est tard : Nous faisons un rapide rangement et filons au lit le ventre vide. Comme on dit “qui dort dîne” ! Et nous n’avons vraiment pas la force de faire à manger après cette soirée mouvementée.

Objectif du lendemain : Ísafjarðardjúp

Jour 55 : Ísafjarðardjúp

Ísafjarðardjúp – ou simplement djúp pour les intimes – est un très grand fjord qui sépare le nord du sud de la péninsule. Il est lui-même découpé en petits fjords que la route 61 contourne consciencieusement. Cette route offre une expérience unique (et chronophage) sautant d’un fjord à un autre, tous étant plus beaux les uns que les autres. N’espérez pas couper par des petits chemins : ça n’existe pas ! Les montagnes sont abruptes et personne ne s’est risqué à essayer d’y tracer une piste.

Le réveil est difficile pour Tigrou (comme tous les matins, mais encore plus là après l’éprouvante session de bricolage de la veille) mais un bon petit déjeuner devant le glacier redonnerait la pêche à n’importe qui.

Une fois bien réveillés, nous remballons nos affaires et partons rejoindre le début de la route 61. A peine celle-ci entamée, nous reconnaissons sur le bord de la route une maison abandonnée dont une photo était exposée à l’usine de Djúpavík. Aussitôt nous nous arrêtons pour nous aussi lui tirer le portrait.

Plus loin sur l’eau du fjord, une nuée d’oiseau nous interpelle. Nous restons garés pour observer tout ça à la jumelle et au téléobjectif. On y retrouve pelle-mêle en train de pêcher : des mouettes de toutes sortes, des sternes arctiques et même des macareux ! Tigrou s’en donne à cœur joie avec son appareil. L’endroit est magnifique, le paysage est unique, et les oiseaux sont de sortie : idéal pour une petite pause. Au bout d’une petite heure d’observation, le courant (ou le banc de poisson) se rapproche de nous et donc les oiseaux aussi. Bientôt nous sommes au centre de l’action et tout autour de nous ce n’est que cris et plongeons pour les oiseaux s’affairant dans l’eau. Saisie par la beauté de l’instant, Zazou s’empare de sa guitare pour accompagner le chant des oiseux avec quelques accords. C’est alors que Tigrou aperçoit au centre du fjord une grosse nageoire noire. L’ayant vu à plusieurs reprises, il arrive même à la prendre en photo ! Nous pensons qu’il s’agit d’un orque vu la taille…

Nous nous sentons – encore une fois – incroyablement chanceux d’assister à ce spectacle. La journée commence bien ! Les oiseaux ayant continué à se déplacer, ils s’éloignent de nous laissant derrière eux les plus faibles ou fainéants qui se satisfont des restes des autres. De notre côté, nous reprenons la route jusqu’à Reykjanes. Pas grand-chose à voir ici : un grand hôtel en béton sans aucun charme, une usine de sel (mais visite payante et comme tout ici : pas donnée), une source d’eau chaude et les ruines d’une piscine construite dans la nature, juste à côté. Maintenant l’eau est envoyée dans la piscine de l’hôtel mais cela n’a pas du tout le même cachet. Nous croisons un intriguant bassin en pierre construit dans la mer dont nous ne saisissons pas bien l’utilité… en tout cas il est vide et nous repartons.

Alors que la route 61 coupe le Mjolfjordur, nous bifurquons par la 633. Celle-ci fait le tour complet et passe par un hot pot que Zazou a repéré sur internet. Arrivés devant le spot, un camping-car d’Allemands est garé là. On dirait que notre arrivée les fait fuir car ils se préparent pour repartir. Nous descendons visiter les lieux, la piscine est construite juste au bord de la mer, avec sur la droite une petite cabane verte qui fait office de vestiaire. Un petit écriteau nous indique que le hot pot est privé et qu’il faut demander l’autorisation avant de l’utiliser. Pour ce faire, il faut se rendre à une ferme à 2km. Tigrou est désigné volontaire pour y aller. En récompense, une boisson fraîche lui est offerte pour s’hydrater le long du trajet. En effet, en ce jour fait exceptionnel le soleil tape fort ! Tigrou s’en va donc d’un pas nonchalant contemplant le paysage à la recherche de ces Vikings. Pendant ce temps, Zazou réfléchit au menu du déjeuner, et comme vous vous en doutez ce sera encore … du poisson ! Eh oui, c’était une sacrée prise !

Quelques minutes plus tard, re-voila Tigrou, revenu bien trop vite pour porter des bonnes nouvelles. A son arrivée, c’est finalement par la positive que les propriétaires Vikings répondent à notre requête. Visiblement la plupart des gens ne demandent jamais l’autorisation et à peine Tigrou arrivé qu’on lui dit qu’il n’y a pas de souci et qu’on peut se baigner. Zazou apprends ensuite qu’il a été rapide car il s’est fait prendre en stop par les Allemands, repartis en direction de la ferme. Sacré Tigrou !

Le hot pot en lui même est une piscine alimentée à la fois par un tuyau d’eau chaude naturelle, et un autre d’eau froide. Le mixe des deux permet de ne pas laisser l’eau trop monter en température, et ainsi que les gens puissent se baigner sans craindre des brulures. L’eau coule continuellement et des trous permettent d’évacuer les surplus pour en renouveler le contenu. Le bassin n’est pas très profond, il y a des petits sièges encastrés dans le mur sur le coté droit, et plus on avance dans l’eau, plus cette dernière est chaude. Cela permet de choisir son coin et vous baigner à la température idéale pour votre corps ! Nous nous offrons donc une bonne baignade, avec une vue splendide sur le fjord, et en prime seuls avec Bourriquet.

La température de l’eau est parfaite, et nous ne voulons pas en sortir et affronter les rafales de vent qui soufflent par moment, soulevant la poussière de la route non goudronnée. Nous sommes en contrebas bien protégés de ces rafales et voulons le rester. Malheureusement, toutes les bonnes choses ont une fin, il faut maintenant se raisonner et reprendre la route.

Notre vadrouille nous mènera cette fois ci vers Ísafjörður.La route qui longe le fjord offre un point de vue intéressant d’observation des phoques. Nous serpentons donc entre mer et hautes montagnes rocheuses, la route offre un panorama absolument spectaculaire. Quelques dizaines de cascades se succèdent et nous mènent au détour d’un virage juste au milieu d’une colonie d’une quarantaine de phoques. Une très jolie surprise, surtout qu’ils sont bien près du rivage. Ils vaquent tous à leurs occupations, certains se prélassent sur leur rocher, d’autres se baignent et s’amusent à faire des aller-retours entre un rocher et un autre. Cette colonie nous semble bien dynamique !

Nous restons quelques minutes mais le point d’observation ne vaut pas celui-que nous avions avec Holly. Nous rejoignons finalement notre camping où nous nous accordons un repos bien mérité.

Objectif du lendemain : Poursuivre l’exploration des fjords.

Jour 56 : Un carrefour dans un tunnel et une plage bien cachée

Au matin, nous faisons un petit tour d’Ísafjörður . Sans être exceptionnel, le village est mignon et il est agréable de s’y promener. Zazou qui lorgne sur les pulls en laine islandais finit par craquer. Elle en achète enfin un à un prix très intéressant chez une vieille à moitié sourde. A cours de bières, nous devons recharger nos stocks dans un Vínbúðin.

En Islande, la vente de l’alcool est beaucoup plus réglementé qu’en France et on ne peut pas trouver dans les supermarchés d’alcool supérieur à 2,25 %. Certaines brasseries se sont adaptées et proposent leurs produits avec ce taux, mais ce n’est pas franchement bon… Pour des alcools plus forts ou des bières à des degrés d’alcool normaux, il faut aller dans les magasins spécialisés, gérés par l’état : les Vínbúðin. Inutile de préciser que tout y est extrêmement cher ! A part les bières bas de gamme qui sont relativement abordables, il ne faut pas espérer trouver un vin rouge à moins de 20€, et à ce prix là c’est du vin de Californie dans une bouteille en carton…

Le minimum de survie ayant été acheté, nous remontons dans Bourriquet pour partir plus au sud faire un passage à Suðureyri. C’est plus une excuse qu’autre chose car il n’y a rien à y voir, si ce n’est le fait exceptionnel d’avoir un carrefour dans un tunnel ! En effet, construit en deux fois, on trouve l’embranchement entre les routes 60 et 65 au beau milieu de la montagne. C’est donc un bon vieux tunnel à double sens mais à voie unique, dans lequel il ont mis un croisement en T. Surprenant !

Après la pause midi, nous filons jeter un œil au plus vieux jardin botanique d’Islande : Skrúður. Le parc ouvre ses portes en 1909, il sera restauré par des locaux puis remis aux mains du ministère de l’éducation. Sa création à une visée éducative et il offre un circuit pédagogique pour petits et grand, à la découverte de plusieurs espèces végétales. L’initiative nous séduit et nous avons hâte d’en voir un peu plus. Il est impossible de rater le parc, il s’agit d’un petit amas d’arbres bien visible au milieu de ces plaines balayées par les vents. En effet, depuis que nous sommes arrivés en Islande, les arbres se font très rares. IL est même exceptionnel d’en voir… Arrivés à l’intérieur, Il y a des baliveaux de toutes espèces, des gros arbustes, mais aussi des fleurs de toutes couleurs. Qu’il est bon de flâner au milieu de cette nature qui s’offre à nous avec pour chacune des espèces une fiche technique détaillée. Nous ne comprenons pas tout, mais arrivons a reconnaître certaines des espèces qui poussent par chez nous. D’ailleurs, vers la fin du parcours, nous sommes surpris par un petit potager d’herbes aromatiques diverses (persil, ciboulette, menthe). Le parc dispose d’une autre particularité : au milieu de ces joyaux se trouve une arche faite en os de baleine.

Il se fait tard, nous avons pas mal roulé mais nous décidons tout de même de prolonger la journée en poussant jusqu’à Ingjaldssandur. Nous repartons donc le long de la 624 qui traverse la langue de terre d’ouest en est au lieu de longer le Fjord. Le chemin est de plus en plus difficilement praticable. Un 4×4 n’est pas absolument nécessaire, mais la route laisse place à une piste – non goudronnée – assez rude par moments. Bourriquet a dû y aller -très- doucement pour ne pas se faire mal. Contre toute attente, une multitude de panoramas se dressent devant nous, et nous ne cessons de nous arrêter pour contempler tout ça. Le paysage est paradisiaque. Nous avons l’impression de faire une superbe randonnée en montagne, mais en voiture. La nature est vierge et il n’y a pas de passage. Finalement le jeu en vaut la chandelle car le passage du col offre une vue magnifique sur les fjords de chaque côté. La route est longue, et nous n’avons pas hâte qu’elle se termine. Nous sommes dans l’une des plus belles routes que nous avons emprunté jusque là. Nous sommes réellement époustouflés par ce que mère nature expose. Nous arrivons au bout du chemin, une petite plage déserte remplie de sable noir, enclavée entre les montagnes nous attend. Quelques fermes se trouvant à proximité exploitent le peu de terrain utilisable. Nous sommes seuls, sur une plage déserte, avec un paysage à couper le souffle. Le bruit des vagues nous invite à la méditation et nous restons quelques instants pour en profiter.

Le temps de faire le trajet retour, nous arrivons tard au camping de Þingeyri, fatigués mais contents d’avoir fait le détour à Ingjaldssandur.

Objectif du lendemain : Continuer notre exploration des fjords vers le Sud.

Jour 57 : Fjallfoss

Nous partons vers le sud, toujours suivant la route 60 non goudronnée. Après avoir grimpé rapidement, nous atteignons un col et la vue se découvre sur une impressionnante descente se dirigeant vers le fjord un peu plus au sud. Les paysages des fjords de l’ouest ne lassent pas et c’est toujours un plaisir de découvrir ces routes. Les fjords se succèdent mais ne se ressemblent pas. Chacun offre son atmosphère propre, ses formes montagneuses uniques ainsi que sa végétation particulière. Les cascades – nombreuses dans ce coté du pays – nous bercent et accompagnent notre exploration. Un vrai régal pour les yeux.

Nous faisons notre pause déjeuner sur les rives du fjord, avec une vue lointaine sur les impressionnantes cascades de Fjallfoss.

Nous finissons ensuite les quelques kilomètres qui nous séparent de la dite cascade et rejoignons la foule déjà sur place. Il faut dire que le site est exceptionnel, la cascade la plus haute s’élargit en descendant et donne naissance à d’autres cascades bien plus modestes, qui, elles, vont se jeter dans le fjord en contrebas. L’ensemble est majestueux, et lors de notre marche vers le sommet de la cascade, celle ci nous offre un magnifique arc en ciel pour couronner le tout.

Bien arrosés par l’eau qui virevolte au bas de la grande chute, nous repartons, toujours sur la route 60 -qui doit vous sembler interminable – avant de bifurquer vers la 63 pour rester au plus proche de l’océan et des fjords. Sur le trajet, nous passons à proximité d’un autre hot pot dont l’eau alimente une petite piscine. Il y a déjà pas mal de personnes, c’est dommage. Zazou et Tigrou aiment bien être au calme, ce n’est pas grave, on ne s’attarde que le temps de prendre quelques photos pour immortaliser l’endroit et l’emporter dans nos souvenirs.

La journée se terminera au camping de Patreksfjörður. Encore une fois, nous avons pas mal roulé. Les fjords de l’Ouest sont vastes et il faut y consacrer du temps, mais c’est du temps bien investi. Il est très dommage de faire le tour de l’Islande en négligeant cette région !

Objectif du lendemain : Aller à la plage

Jour 58 : Les pieds dans le sable

Aujourd’hui, le réveil se fait lentement avec une splendide vue sur le Fjord et ses montagnes. Zazou profite du paysage pour puiser un peu d’inspiration et écrire. Tigrou quand à lui, aura le droit à sa grasse matinée. Après tout c’est les vacances !

Il est 10h, l’heure d’aller lancer la cafetière pour réveiller le félin. C’est qu’il n’est pas chose aisé d’adopter un tigre de nos jours, il faut savoir y aller en douceur ! De plus, nous avons du pain sur la planche, alors il faut se lever du bon pied et faire le plein de vitamines.

Ceci étant fait, nous partons en direction de Raudisandur. Notre chemin commence sur la route 62 au départ de Patreksfjörður. Entre mer en montagne, la route nous mènera au détour d’un virage au pied d’un gros bateau de pêche échoué sur la plage. Sa taille est impressionnante, et comme d’habitude nous allons investiguer. Il s’agit en fait du BA 64 ; Construit en 1912 en Norvège, au lieu d’être coulé en mer, il a été treuillé sur la plage et abandonné ici en 1981. C’est le plus vieux bateau en acier d’Islande.

Nous empruntons ensuite la route 614. Celle ci coupe la langue de terre à travers de jolies montagnes rocheuses. La route n’est pas des plus faciles, il y a pas mal de virages et le gravier est en mauvais état. Du classique nous diriez vous mais il faut tout de même le noter. Ce qui est bien avec les montagnes de cette région c’est que ça grimpe raide et puis tout en haut ça devient tout plat. On est ensuite sur des longues lignes droites, qui sans la vue, nous feraient oublier que nous sommes en plein milieu des montagnes.

Nous avançons à une vitesse de moyenne de 40km/h, ce qui fait que nous n’avançons pas bien vite. Mais peut importe de toute façon nous sommes en contemplation devant les magnifiques paysages. D’ailleurs, au bout d’une heure de route, nous nous faisons surprendre par une magnifique plage déserte de sable fin roux/doré. Fait plutôt rare car par ici la majorité des plages que nous croisons sont en sable noir. Nous apprendrons par la suite que cette péninsule dispose non pas d’une mais de plusieurs plages de sable blanc/jaune/doré/roux , mais aussi que dans tout le pays, toutes se côtoient ! Il y en a donc pour tous les goûts si vous êtes patients et que vous savez observer.

La marée étant haute, nous ne pouvons distinguer que quelques bancs de sable au milieu de l’eau, ce derniers formant plusieurs îlots. Face à nous, de l’autre coté de la rive la plage de sable semble bien plus large et nous repartons avec Bourriquet dans cette direction. Nous avons envie de voir cela de plus près, de ressentir les grains de sables caresser la plante de nos pieds, de toucher ce sable de le saisir par poignées et de le regarder glisser entre nos doigts tout comme nous voyons filer notre aventure autour de l’Europe.

Nous entamons une petite balade au départ du parking d’un camping qui est venu s’installer juste au pied de la plage. Le lieu est assez fréquenté mais la plage s’étend à perte de vue et nous pouvons tout de même nous éloigner et être au calme. L’endroit est surprenant, nous avons l’impression d’avoir changé de continent. Celle belle eau azur qui se confond avec la couleur du ciel et ce sable fin roux-doré qui nous chatouille les pieds nous mettent en extase. Nous avons envie d’aller plonger les orteils dans l’eau et la faire éclabousser dans tous les sens. Malheureusement, bien que nous ayons l’impression d’être aux Seychelles, l’eau n’est pas bien chaude et nous ne nous attarderons pas dedans. En effet, Zazou nous fait (encore) une réaction à la température de l’eau, l’expérience nous a apprit que les réactions sont passagères donc pas de panique. Les rougeurs et gonflements s’estomperont non longtemps après. En attendant, nous nous contenterons de traîner sur le sable et faisons quelques photos souvenirs pour la peluche de bourriquet.

Nous passons un super moment, ici le calme et la quiétude couplés de la grandeur des paysages font disparaitre tous vos soucis. Nous aimerions bien rester mais il est temps de partir. Là réside toute la difficulté de la vie de voyageur. Il n’est pas facile de trouver des coins pour dormir, de se charger en eau, de vidanger… mais tout cela peut être solutionné. Ce qui est plus difficile c’est qu’il faut toujours partir. Parfois on doit s’arracher à des endroits que nous affectionnons car l’appel de la route se fait entendre…

Nous retraversons alors la montagne dans l’autre sens. Ses cascades et ses chutes d’eau nous accompagneront jusqu’au Fjord de Patreksfjörður. Nous reprenons ensuite la route 615 pour faire le tour de la péninsule en direction de Latrabjag. Cette route serpente au milieu des dunes de sable recouvertes de petites touffes d’herbe avec une superbe vue sur la mer. Quelque kilomètres plus loin, nous atteignons la plage de Breidavik une autre magnifique plage de sable fin, qui cette fois ci est jaune. Le lieu vaut vraiment le détour.

Nous poursuivons jusqu’à la pointe de la langue de terre ce qui nous mène au phare de Latrabjarg : Il s’agit du point le plus occidental d’Europe.

Non loin du phare, nous avons noté une petite randonnée à faire vers les falaises aux oiseaux. Ce sont des hautes falaises qui se dressent le long du littoral sur une douzaine de kilomètres et qui permettent d’observer une grande variété d’oiseaux. Arrivés sur les lieux, les rochers sont très hauts et il n’y a pas de barrières de sécurité, mieux vaut ne pas avoir le vertige et avoir le cœur bien accroché car le vent ne fait pas semblant de souffler ! Plusieurs panneaux cependant incitent les visiteurs à être vigilants au risque de chute. Il est aussi conseillé de ne pas trop s’approcher du bord pour éviter que la roche ne cède, et même de s’allonger sur le sol afin de répartir le poids sur une plus grande surface. Heureusement, plusieurs groupes de macareux nous regardent de loin et nous encouragent à aller nous approcher. Il sont toujours aussi attachants et peu craintifs de l’homme. Ils sont tellement habitués aux visiteurs qu’il ne sont pas gênés par les dizaines de cameras qui se dressent sur eux. Nous pouvons aussi voir d’autres espèces d’oiseaux, il sont ici dans leur milieu naturel et le lieu est fascinant. Alors si vous voulez voir des macareux dans les fjords de l’ouest, nous vous conseillons de privilégier le rocher aux oiseaux de Latrabjarg. Bien évidement, nous ne risquons pas de poursuivre la marche en haut des rochers, et repartons après avoir passé un petit moment en compagnie des macareux.

Il est temps maintenant de reprendre la route en direction de Flokalundur pour le souper ! Sur le trajet, nous passons devant une curieuse statue. Apparemment, elle s’appellerait Kleifebui et aurait été érigée par les constructeurs de la route en 1947 pour fêter la fin d’un des passages les plus difficiles des travaux.

Arrivés à Flokalundur, nous y faisons une petite balade qui nous mène au bord de la mer avec son hot pot naturel à 40 degrés. Le bassin est juste au bord de la mer, accolé à une falaise et entourée de cailloux ce qui lui donne un air très naturel et rustique. Plusieurs personnes ont déjà pris place dans le bassin et se prélassent dans son eau thermale. Le vent est (encore une fois) assez fort et la température extérieure avoisine les 8 degrés. Zazou est toujours en interdiction de baignade (pour sa jambe gauche) et Tigrou ayant « la flemme » nous nous contenterons de prendre un petit cliché de ce magnifique bassin qui soit dit en passant l’un des plus beaux et des plus proches de la mer que nous ayons vu.

De retour au camping, nous prenons une douche presque froide, un comble lorsque le lieu regorge de sources d’eau chaude… On se réchauffera dans bourriquet avec une « bonne soupe » (déshydratée) et hop au lit !

Objectif du lendemain, descendre dans la partie sud des fjords de l’ouest.

Jour 59 : Du vent, des oiseaux et un bain chaud

Nous commençons ce dimanche de bonne heure et de bonne humeur, prêts à découvrir ce que cette partie de l’île recèle comme trésors. Nous faisons notre première halte à Reykhólar où nous voulons faire une petite randonnée pour observer les oiseaux. Le départ de la randonnée n’est pas très facile à trouver, et plusieurs hot pots nous font de l’œil pendant que nous cherchons. Mais nous restons les yeux rivés sur notre objectif, il en faudra plus pour nous déconcentrer !

La balade se déroule au milieu de plusieurs sources d’eau chaude et certaines atteignent les 100 degrés. Tantôt, le terrain est marécageux et nos chaussures font ventouse dans la boue, tantôt aussi le terrain est plus touffu et l’herbe, étant imbibée de l’eau des sources, est un peu spongieuse et rebondit sous nos pieds. Ce faisant nous nous atteignons la première source. Loin d’être la plus grande source d’eau chaude que nous ayons vu, son eau à largement coloré tous ses environs proches et leur donne des teintes allant de l’orange au blanc. Un jolie feu d’artifice au milieu de toute ces herbes vertes couchées par les vents. Nous poursuivons la balade jusqu’au lac Langavatn ; il y a ici une petit cabane aménagée qui nous permet d’observer les oiseaux en toute discrétion. Il y a un vent glacial qui souffle par intermittence, nous avons une grande partie de nos habits chauds sur le dos mais la sensation de froid est pourtant présente. Nos muscles se réchauffent par l’activité physique mais le peu de peau restant en contact de l’air transmet une sensation de froid assez désagréable au cerveau. D’ailleurs Zazou développe une technique de randonnée par grand vent assez particulière : à plat ventre ou sur le dos. Son efficacité reste à prouver mais en tout cas on se marre bien!

On ne se laisse pas démonter par ce vent capricieux et nous poursuivons tout de même notre balade. Nous espérons bien découvrir de nouvelles espèces d’oiseaux que nous n’aurions pas encore croisé.

Quelques marécages et ponts en bois plus loin, nous voila à la source la plus importante. Celle ci coule non loin de la rive sud ouest du lac et s’étend jusqu’à la mer. Nous tombons sur un groupe de petits oiseaux de famille des limicoles (d’après un passionné d’ornithologie que l’on a croisé sur place). Leur petit bec pointu et leur pelage doré flottent juste à nos pieds. Il n’ont pas l’air très farouches, et nous restons un petit moment à scruter leurs moindres mouvement au milieu de ce SPA géant.

Nous, l’appel du ventre se fait entendre, et nous finissons notre boucle en direction de Bourriquet pour manger un petit bout à l’abris. Pour le dessert, Zazou a prévu d’amener Tigrou dans une ferme de la région. Une heure de route tout de même pour déguster les excellentes crèmes glacée faites sur place. Ce n’est pas donné, le pot de deux boules nous coûte le prix de notre repas au restaurant la semaine dernière, mais les glaces sont divinement bonnes ! Parole de Tigrou, qui comme vous le savez est un critique connu et reconnu de ce mets ! Et puis quand il fait froid, il faut manger de la glace ça réchauffe.

Notre prochain arrêt se fera à Eiriksstadir un ancien site viking où semble-il Erik Lerouge aurait vécu . Il y a là une maison de tourbe et une statuette représentant Leifur Eiríksson. Le plus intéressant serait le « parc d’attraction » qui, la semaine, propose des spectacles grandeur nature avec des acteurs déguisés en vikings, des diseurs d’aventures et toute la panoplie. Le tout au coin du feu non loin des séchoirs de poisson traditionnels. Nous n’assisterons malheureusement pas à ce spectacle car nous sommes dimanche et le lieu est fermé. Nous sommes tout de même content que la maison en tourbe soit accessible hors horaires d’ouverture.

Sur le chemin du retour, nous tentons notre chance dans les hot springs de Landbrotalaug. C’est un grand lac qui contient une source d’eau thermale et alimente les deux bassins qui le bordent. La température de l’eau est supérieure à 40° et la température extérieure ne doit pas être plus de 7 degrés. Par ailleurs, le vent ne s’est toujours pas calmé depuis ce matin et la sensation de froid est grandissante ! La baignade sera donc difficile dans ces conditions. Nous faisons tout de même le tour du lac, en traversant par des petit cailloux et nous découvrons troisième petit bassin où une famille d’Américains se baigne. L’eau est à 38 degrés environs, une température tout à fait correcte ! Le bassin est naturel, il n’est pas très grand et ne peut contenir que 4 personnes, ce qui le rend tout à fait adorable. Tigrou est très tenté d’y aller. Zazou aimerait bien, car depuis sa chute elle ne peut mettre qu’une jambe dans l’eau. Cette fois ci ce ne sera pas possible de mettre qu’une jambe car il fait vraiment très froid ! Tigrou s’en va chercher des serviettes et revient avec le maillot de bain de Zazou. Allez ! il est temps de retirer ce pansement et de profiter un peu de ce que la nature nous offre. Zazou se change en deux, trois mouvements et voila nos deux tourtereaux déjà dans l’eau. Le bassin est assez chaud et est alimenté par un tunnel souterrain le reliant au lac et donc à la source d’eau chaude. Nous restons un long moment dans ce petit coin de paradis avec une magnifique vue sur le volcan de Rauðhálsahraun et entourés de ses crachats de lave refroidie. Une super façon de bien clôturer cette semaine riche en rebondissements. En tout cas si nous revenons en Islande, nous reviendrons certainement passer une soirée ici !

Maintenant il est temps de rentrer, le camping n’est pas bien loin.

Objectif du lendemain : faire le tour de la péninsule.

Un commentaire sur “Débrief: Semaine 9 – Islande: L’aventure du Nord-Ouest

  • Sanou 25 août 2017 at 18 h 56 min Reply

    C’est juste magnifique….. et ça donne trop envie de découvrir le monde…..
    Amusez vous bien les enfants!
    Big kiss de sant feliu de llobregat😘

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