Débrief: Semaine 7 – Premiers pas dans l’Atlantique Nord

Cet article fait partie de la série Tour d'Europe
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Jour 39: Premier jour aux îles Féroé

Crédits: Arne List, Licence GFDL

Nous nous réveillons tôt le matin et déjà beaucoup de voitures ont investi le parking. Visiblement ici les gens sont matinaux. Nour refermons rapidement le lit et décidons de partir trouver un coin tranquille pour le petit déjeuner.

Les Iles Féroé sont relativement petites et le réseau routier est d’excellente qualité. La plus grande Ile est Streymoy. Elle est reliée par un pont à sa voisine de l’Est Eysturoy. Les Iles de Vágar et Norðoyar sont reliées par des tunnels sous-marins (payants) tandis que les plus petites îles ne sont accessibles qu’en bateau ou hélicoptère.

Tórshavn se situe au sud de l’île de Streymoy et nous nous engagons sur la route Oyggjarvegur qui remonte vers le centre. Cette route magnifique traverse le coeur de l’île à la différence de la route principale qui passe le long de la mer (plus rapide, mais moins joli). En quelques secondes nous sortons de la ville et grimpons à l’assaut de la montagne. Aussitôt nous croisons nos premiers moutons, ce qui sera le quotidien de la conduite ici! A la différence des troupeaux dont nous pouvons avoir l’habitude, ici les moutons sont “solitaires”. En fait, on les retrouve souvent en groupe de deux ou trois: la brebis et ses agneaux. Ils peuvent traverser la route à tout moment alors il faut être très attentif et bien ralentir! En cas de collision, il faut appeler la police et on peut être tenu pour responsable et devoir dédommager l’éleveur…

Le paysage tranche radicalement avec ce que nous avions vu jusqu’ici: aux Iles Féroé il n’y a pas d’arbres (hormis dans les enclos des maisons) et tout est herbe ou rocher. On peut voir les îles comme un grand gazon de golf qui aurait été posé sur des falaises.

Nous trouvons un petit stop non loin de la route où nous nous arrêtons pour le petit déjeuner. Nous installons la table et les chaises à l’extérieur et une voiture s’arrête à côté de nous. C’est un couple de jeunes Féroïens qui vient prendre son petit déjeuner au grand air. Tigrou en profite pour leur poser une question sur le camping sauvage. En effet, il est écrit partout qu’il n’est autorisé de camper que dans les lieux prévus à cet effet mais nous voudrions savoir si c’était vraiment appliqué. Les jeunes gens répondent qu’ils ne connaissaient pas cette obligation et que les forces de police locales n’étant pas des plus développées, ce serait vraiment pas de chance de se faire prendre. Il vaut juste mieux rester un peu isolé.

Une fois le petit déjeuner terminé, nous poursuivons vers le nord-ouest de l’île de Streymoy jusqu’à Saksun. Ce petit village se trouve au bout d’une longue route qui descend le long d’une rivière. C’est notre première expérience des petites routes Féroïennes. Elles ne sont large que pour le passage d’un seul véhicule mais sont pourtant à double sens. Le système fonctionne grace à des petits aménagements sur le bas côté qui permettent de se ranger quand quelqu’un arrive en face. C’est assez déroutant au début mais ça marche plutôt bien car tout le monde conduit de manière civilisée.

Arrivé à Saksun, la vallée s’écarte autour d’un petit lac puis débouche sur une crique donnant sur la mer. Autrefois, elle était utilisé comme port mais une tempête a ensablé la baie et les bateaux ne peuvent plus accéder au rivage. Le village est séparé en deux par la rivière. Côté ouest se trouvent quelques maisons puis un chemin qui permet de rejoindre l’océan en passant sur une plage. Attention, ce n’est accessible qu’à marée basse donc bien se renseigner avant! Côté est on trouve Duvugardur, une ferme du 17e siècle toujours en activité et une petite église collée à son cimetière. La ferme, a l’instar de beaucoup de batiments aux Iles Féroé possède une toiture recouverte d’herbe. Le site est très paisible bien que ce soit un des lieux les plus visités du pays. Des chemins de randonnée partent d’ici et nous en empruntons un qui monte le long d’une cascade pour avoir une vue d’ensemble.

L’après midi nous repartons vers le village le plus au nord de Streymoy: Tjørnuvík. Le trajet prend son temps car ce n’est jamais direct aux Iles Féroé. Il n’y a souvent qu’une seule route pour aller à un village donc deux villages proches à vol d’oiseau peuvent se trouver sur les flancs opposés d’une montagne et être éloignés par la route!

Sur le trajet nous nous arrêtons rapidement à la cascade de Fossà (plus haute cascade du pays avec 110m de haut). Nous prenons le temps d’écouter l’eau s’écouler et se heurter à la roche, ensuite nous finissons par arriver au vilage.

Tjørnuvík est le village le plus au nord de l’île de Streymoy. Lui aussi se trouve dans une crique avec une vue magnifique sur Risin og Kellingin. Il s’agit de deux gros rochers avancés dans la mer. Selon la légende ce seraient un géant et une sorcière venus d’Islande une nuit pour y rattacher les Iles Féroé en les tirant avec une corde. Malheureusement pour eux, la montagne était très solide et ils n’y parvinrent pas. Surpris par le jour ils se transformèrent en pierre. D’après les géologues, les rochers de plus de 68m et 71m pourraient s’écrouler dans les décénies à venir du fait de l’érosion et des tempêtes.

Autre curiosité: des tombes Viking ont été retrouvées à Tjørnuvík. Nous faisons un petit tour dans le village et trouvons des paysans occupés dans leurs prés. Il est intéressant de voir combien le peu de terrain accessible est utilisé. Ici, pas la place pour un tracteur: tout est fait à la main ou au mieux avec un petit engin à bras. Nous voyons ce qui semble une technique particulière pour faire sécher l’herbe en l’accrochant sur des fils un peu comme pour du linge.

En fin d’après-midi nous quittons l’ile de Streymoy et partons vers Borðoy, bien plus à l’est. La route, toujours aussi belle, passe par un tunnel sous-marin: le Norðoyatunnilin. Celui-ci achevé en 2006 fait 6,3km de long et descend à 150m sous le niveau de la mer. Au fond du tunnel, on y trouve un timide jeu de couleurs projeté sur les murs installé par un artiste. Le Norðoyatunnilin est payant (on ne paye qu’une fois pour l’aller-retour). Une caméra prend en photo la plaque d’immatriculation et il faut ensuite passer dans une station service pour régulariser sa situation. Très original comme système.

Sur le chemin, nous passons par d’autres tunnels tout aussi spectaculaires, voir plus! Il s’agit, comme pour les routes, de tunnels ayant la largeur d’une seule voiture (interdits aux camions), non éclairés et à double sens (mais avec un sens prioritaire). Tous les 50m environ un panneau “M” signale une aire creusée sur le côté pour se garer. Lorsque l’on remonte le tunnel dans le sens non prioritaire il faut donc:

  • Allumer ses feux de croisements lorsque l’on avance.
  • Lorsque l’on voit des phares qui arrivent dans l’autre sens, choisir un emplacement “M” pas trop proche (sinon on attends une éternité) et pas trop loin (sinon on se retrouve face à face dans le tunnel et là c’est le bazar…) et s’y garer.
  • Couper ses feux de croisements lorsque l’on est garé
  • Une fois la voiture passée, remettre ses feux et recommencer la procédure.

Heureusement il n’y a pas beaucoup de traffic dans ce genre de tunnel, mais c’est assez stressant dans le sens non prioritaire. Voici une petite video pour illustrer (la vidéo est dans le sens où on a la priorité):

Nous allons en début de soirée au village de Múli. Un magicien nommé Guttormur i Múla aurait vécu dans ce petit hameau au 18e siècle mais il aura fallu attendre 1970 pour y voir arriver l’électricité. Apparemment, d’après les guides, le village n’est plus considéré comme habité depuis 2002 mais les maisons sont parfois utilisées comme résidences secondaires pendant l’été par leurs propriétaires.

En effet, au bout d’un chemin un peu abimé nous arrivons à Múli où nous trouvons 3 personnes s’affairant autour d’une des maisons. Nous poursuivons plus loin par un chemin qui nous offre une belle vue sur le village de Viðareiði situé sur l’île d’en face de Viðoy. Lorsque nous revenons, les personnes ne sont plus là et le village est désert.

Après pas mal de tergiversations, nous décidons de passer la nuit le long de la route d’accès au village, dans un petit renfoncement au pied d’une timide cascade. Le village étant desert, nous disons-nous, il ne devrait pas y avoir beaucoup de passage. Pourtant il y a eu quelques voitures allant vers le village en fin de soirée: peut être les habitants saisonniers… Nous sommes tout de même assez à l’abri des regards indiscrets et nous pouvons même ouvrir le toit. Zazou pourra même jouer de sa guitare toute la soirée. Nous avons passé une bonne nuit sans problème et la police n’est pas venue nous embêter!

Objectif du lendemain: Poursuivre notre visite des îles du nord.

Jour 40: Iles Féroé – Jour 2

Après que Tigrou ait joué un peu à photographier les oiseaux, nous commencons la journée par un petit tour dans le village d’Árnafjørður. Ce paisible village possède une petite plage de sable noire mais il fait quand même un peu froid pour s’y baigner!

Après avoir flané et observé les oiseaux nous passons sur l’île de Kunoy pour visiter le village du même nom. Il n’y a que deux villages sur cette île très montagneuse et pour accéder à Kunoy, il faut franchir un de ces fameux tunnels à une seule voie. Le village lui même est encerclé de hautes montagnes. A peine arrivés il se met à pleuvoir, nous en profitons pour faire le déjeuner dans le van sur le parking de l’église avec une très belle vue sur la mer. Pendant que Zazou fait la logistique du repas, Tigrou part dans le village à la recherche des WC qui sont indiqués par un panneau.

Traversant le village, il n’y a plus de panneau mais Tigrou avise un batiment avec le logo AED (Défibrillateur) et se dit que ça doit être un batiment public. Il est donc possible que les toilettes soient ici. En effet, la porte est ouverte et donne sur un escalier. Affiché au mur, il y a une liste de dates avec des inscriptions en féroïen. Peut-être les dates des conseils municipaux, ou de venue du médecin… Quoi qu’il en soit en haut des escaliers se trouvent effectivement des toilettes 4 étoiles. Il y a même une douche!

Après le déjeuner, la pluie a cessé de tomber. Nous sommes chanceux d’avoir un temps aussi beau car le climat des iles est très humide (260 jours de pluie par an!). Nous partons faire une petite marche improvisée sur un chemin qui fait le tour du village par le haut. Le calme qui règne ici est apaisant. Au bout du chemin, nous tombons sur un enclos dédié à tondre les moutons et empilés là on peut voir le résultat de la tonte de dizaines de moutons.

En revenant dans le village, des hommes font des bottes de foin avec une petite machine poussée à la main ce qui étonne Tigrou habitué aux plus grosses machines de son enfance. Nous en profitons pour leur demander de l’eau. Zazou et Tigrou partent chacun de leur coté mais c’est Zazou qui trouve la première de quoi remplir le jerrycan. Elle a suivi un des fermiers jusqu’à chez lui et à demandé gentiment aux personnes de lui remplir son jerrycan. Sa trouvaille sera aussitot versée dans le réservoir d’eau de Bourriquet. Tigrou quand à lui a trouvé un tuyau dans une maison, mais personne ne répond quand il frappe à la porte alors on n’ose pas en prendre sans l’accord du propriétaire. C’est alors que sort d’une maison voisine un vieil homme avec son chien qui jouerait très bien la carte postale du vieux pécheur! Nous lui demandons si on peut prendre de l’eau. Avec quelques mots d’anglais et surtout quelques gestes, il nous comprend et nous emmène dans la bergerie où il y a un robinet. La communication est presque impossible à cause de la langue mais nous avons cru comprendre qu’il n’avait jamais quitté les Iles Féroé. Il nous a parlé de ses moutons mais nous n’avons malheureusement rien compris non plus.

Le réservoir plein nous repartons sur la grande île d’Esturoy pour trouver un endroit où passer la nuit. Après avoir traversé le tunnel sous marin et payé le péage à une station service, nous décidons de prendre la route de Gjógv (au nord-est). La route escaladant la montagne n’a rien à envier à d’autres plus renommées concernant la beauté des paysages! Ici la montagne cotoie la mer. Nous arrivons finalement à Gjógv sans avoir vu d’endroit sympa et discret pour dormir et nous finissons au camping du village. Celui-ci a une vue imprenable sur la mer et sur l’île de Kalsoy. Gjógv veut dire “ravin”. Le village est dénommé ainsi à cause du petit port qui est enclavé dans un ravin aux hautes parois.

Objectif du lendemain: Ne pas louper le ferry en fin d’après midi.

Jour 41: Iles Féroé – Jour 3

Le matin, nous avons droit à un spectacle aux premières loges. Nous voyons plus d’une dizaine de personnes sur la montagne positionnées en ligne de haut en bas et repoussant les moutons vers l’avant. Le spectacle est amusant, on se dit alors qu’il doivent ramener leurs bête dans leurs enclos. Nous poursuivons notre activité: Tigrou s’amuse à faire des lessives tandis que Zazou prépare un tajine kefta, avec de la bonne viande hachée d’agneau féroïen. Les odeurs d’épices envahissent le van. Heureusement que le linge ira sécher à l’extérieur !

Pendant ce temps, un groupe de locaux se rassemble petit à petit à côté de Bourriquet. Deux femmes, certainement du coin, prennent une table à pique niquer et la transportent du bout du camping jusqu’à devant le van. Petit à petit d’autres personnes viennent, des adultes, des enfants, avec chacun un plat dans la main. On dirait un pique nique entre les gens du village. Nous ne voyons plus les personnes en haut de la montagne, mais ils sont déjà là avec les moutons: il se préparent à les tondre dans l’enclos qui est attenant au camping! Quelle chance, nous pouvons ainsi observer la maitrise des ciseaux à tonte. D’ailleurs savez-vous que les championnants du monde de tonte de mouton 2019 auront lieu en France, en Haute-Vienne?  😉

Pour repartir, nous prenons la direction de Eiði. La route contourne la montagne Slættaratindur, la plus haute montagne du pays avec une hauteur de 880m. Le sommet peut être atteint en 4h de marche sans grosse difficultés et offre parait-il une vue de l’ensemble de l’archipel. On dit même qu’avec des conditions athmosphériques particulières on peut voir l’Islande, mais ce n’est peut être qu’une légende. Le jour le plus long de l’année, des locaux montent au sommet pour admirer à la suite le coucher et le lever de soleil. Malheureusement nous n’avons pas le temps de monter là haut et devons continuer notre chemin pour ne pas louper le ferry. La route passe près d’un belvédère offrant une vue sur Risin og Kellingin par l’autre côté avant de retrouver le niveau de la mer.

Après être passé sur le pont reliant Esturoy à Streymoy, surnommé par certains “le seul pont sur l’Atlantique” nous revenons à Torshavn par la route Oyggjarvegur afin de profiter une seconde fois de ce beau paysage.

Arrivés au ferry, nous retrouvons toujours les mêmes camping-car et les mêmes consignes d’embarquement séparé des passagers et du conducteur. Cette fois-ci Bourriquet est parmis les derniers à embarquer et se retrouve collé contre la porte arrière du bateau. Au moins cette fois on a de la place autour pour monter ou descendre! La surprise du jour concerne les couchettes. Si Tigrou repart dans sa cale tout au fond du navire, Zazou pour une raison inconnue, a été surclassée dans une cabine de 4 lits! Elle dispose dans sa cabine d’un luxe à faire palir d’envie les pauvres de la cale: douche et toilettes dans la cabine, draps, TV, prises electriques … Seul inconvénient:  parmis ses collocs il y a une vieille Allemande grincheuse qui se lèvera à 5h du mat pour prendre sa douche!

Pour quitter les Iles Féroé vers l’Islande, le bateau remonte entre les îles du nord offrant un spectacle magnifique (et venté). La vue d’ensemble des îles une fois au large vaut largement le coup d’être resté dans le froid et le vent sur le pont.

La soirée est brève. Nous avons amené notre nourriture et profitons juste de l’happy hour pour prendre à boire et jouer au poker dans le bar du bateau. Nous partons ensuite chacun de notre côté vers un sommeil plus ou moins réparateur suivant la classe de sa couchette.

Objectif du lendemain: Arriver en Islande

Jour 42: Arrivée en Islande : Fjord et Macareux

Le bateau arrive tôt le matin à Seyðisfjörður après une longue remontée de ce fjord tout à l’est de l’Islande. Comme nous sommes proche de la porte du bateau, nous sortons dès le début. Nos premiers pas en terre Islandaise se feront dans ce petit village qui a la réputation d’être envahi par de jeunes artistes Islandais. Les maisons et les rues sont effectivement couvertes de tags et de peintures. Zazou qui à beaucoup d’affection pour le street art est ravie de cette première découverte. Les créations sont nettes et “controlées”. il n’y a rien qui dépasse, ce n’est donc pas l’oeuvre d’amateurs comme nous pouvons voir dans les rues de Berlin. Le spectacle est tout de même appréciable et les couleurs  variées, de vives à noir et blanc, contrastent avec la nature qui les entoure avec en fond les montagnes enneigées du Fjörd.

Après cette mise en bouche, nous passons aux choses sérieuses. Enfin presque. Nous allons grimper sur la montagne en face pour prendre un peu de hauteur et aller découvrir une “sculpture sonore” faite par l’artiste allemand Lukas Kühne. Nous entamons la montée sur un chemin qui ressemble à ce qui pourrait être une F-Road (Route réservée aux 4×4). La pente est un peu raide mais l’excitation d’être enfin en Islande nous fait grimper tout ça en une trentaine de minutes à peine. Et puis le paysage n’est pas moche et nous avons même le droit à notre première cascade!

Nous voila arrivés sur le site. Il s’agit de 5 étranges bulles de béton à taille humaine dans lequelles on peut pénétrer. En se positionnant d’une certaine manière au centre de chaque dôme, il y a un effet phonique qui donne l’impression de se parler à soi même. En fait nous avons l’impression que le son vient de l’intérieur du crane. C’est assez curieux et amusant. Nous restons donc un petit moment dans nos bulles à chanter, parler, crier… Nous sommes seuls au monde et en profitons un maximum.

Zazou déboule ensuite la montagne à grande vitesse. En moins de 5 minutes elle est déjà arrivée sur le parking. Zazou adore courir, ce qu’elle aime par dessus tout c’est courir dans la montagne. Plus le terrain est sinistré, plus elle trouve cela amusant. Pour cette fois elle arrive à sauter d’un caillou à l’autre, d’une flaque d’eau à l’autre sans grande difficulté. Après de longues minutes d’attente, voila enfin Tigrou et Bourriquet qui arrivent d’un pas lent (et prudent).

Après un petit passage au centre d’information du village, nous prenons la route qui remonte du fjord afin de rejoindre Hafnarhólmi et sa colonie de Macareux. La route nous offre nos premiers panoramas d’Islande et on peut dire que nous ne sommes pas déçus! Bientôt la route goudronnée laisse place à notre première piste en graviers. C’est un peu moins confortable que le goudron, mais la route est en très bon état et c’est toujours mieux que certaines routes serbes!

Un passage particulier retient notre attention. Njarðvíkurskriður est une dangereuse pente d’éboulis que traverse la route. De nombreux accidents eurent lieu ici. Il y aurait eu un démon qui s’en prenait aux voyageurs sur cette route. Le lieu fut exorcisé au 14e siècle et une croix installée en 1306 avec l’inscription “Vous qui vous dépéchez, honorez l’image du Christ, An 1306”. Le voyageur devait alors faire une prière en traversant pour se protéger du mauvais sort. La croix, bien que remplacée plusieurs fois depuis est toujours en place avec la même inscription.

Heureusement pour nous, nous passons avec prudence et sans encombre et arrivons à Hafnarhólmi. Aussitôt nous grimpons sur la colline aux macareux et pouvons observer des dizaines de volatiles de très près. Une chance! Les Macareux sont des petits oiseaux à l’air pataud, sorte d’étrange croisement entre pingouin et pélican… Les mouettes qui nichent aussi ici ne sont pas en reste. Les photographes s’en donnent à coeur joie, tous avec des téléobjectifs plus gros les uns que les autres.

Avant de repartir, nous rencontrons un couple de français avec un vieux Land Rover. Ils sont là depuis quelques jours et nous donnent quelques précieux renseignements sur leur expérience du pays. Ils ont crevé dès le premier jour ce qui n’est guère rassurant…

Sur le chemin nous croisons une installation particulière. Un excentrique a installé au milieu de nulle part un distributeur de boissons fraîches qui fonctionne à l’énergie solaire (et éolienne probablement vu la présence d’une petite hélice). Si le distributeur ne fonctionne pas, il faut l’allumer en appuyant sur un bouton pendant quelques secondes… Vu qu’il s’est mis à pleuvoir, le coeur n’est pas trop à se raffraichir et nous poursuivons notre route.

Une chose dont nous n’avons pas encore parlé est le camping sauvage en Islande. Apparemment la legislation a été fortement durcie ces dernières années et les autorités sont très vigilantes sur le fait qu’il soit impossible de stationner sur une propriété privée sans l’accord de son propriétaire. De plus la plupart des parkings touristiques sont explicitements affichés comme interdisant de passer la nuit dessus. Certains rapportent même que les locaux viennent directement taper dans le véhicule ou le secouer pour empêcher de dormir… Beaucoup de campings existent mais ils ne sont pas donnés et il faut compter autour de 10€ la nuit par personne en moyenne. Heureusement il y a un bon plan qui s’appelle la camping card. Elle permet à un camping-car, 2 adules et 3 enfants de passer 28 nuits dans 42 campings répartis autour de l’Islande sur toute la saison. Le prix (autour de 170€) est beaucoup moins cher que de payer toutes les nuits. Elle peut s’acheter dans certaines postes, centres d’information touristiques ou directement dans les campings faisant partie du réseau. Nous avons donc décidé de nous en procurer une, mais peu de campings couvrent le nord-est du pays. En fait elle était disponible dans le bateau ou à Seyðisfjörður mais nous ne connaissions pas encore les contraintes sur le camping sauvage.

Pour la nuit, nous nous arrêtons dans un petit parking le long de la route 1 (La route circulaire qui fait le tour de l’île). Il n’est pas marqué d’explicite interdiction de passer la nuit et nous sommes bientôt rejoints par un autre fourgon de français. Le pauvre Bourriquet a souffert de la pluie et de la poussière des pistes en graviers. Il n’a jamais été aussi sale! Fatigués tous les trois, nous nous endormons rapidement.

Objectif du lendemain: Continuer l’exploration du nord-est.

Jour 43: Vopnafjörður et balade sur la plage

La nuit s’est passée sans souci, point d’ennui avec la police ou les habitants. Après le petit déjeuner nous partons vers Vopnafjörður par la route 917. Vopnafjörður est réputé pour ses rivières saumoneuses (il parait que le prince Charles est venu pécher ici). Nous n’avons pas vraiment l’âme de pécheurs et c’est plutôt la route qui nous intéresse.

La route 917 commence par descendre dans la plaine jusqu’à l’océan puis se met à grimper jusqu’à un col. La route en elle même offre une très belle vue sur la plaine d’un côté puis sur le fjord de l’autre. Quelques valeureux cyclistes se lancent dans l’aventure. Paix à leur âme!

Une fois l’océan retrouvé de l’autre côté de la montagne, nous nous offrons une pause déjeuner à côté d’une petite cascade.

Histoire de digérer, nous allons faire une petite marche dans la péninsule de Fuglabjagarnes. Celle-ci nous amène à des plages en sable noir où se cotoient moutons, oiseaux et déchets rejetés par la mer (principalement des morceaux de bois). Nous sommes strictement seuls avec les moutons et des oiseaux de toutes sortes donc beaucoup de canards. Tous ces bouts de bois, blancs, et usés par la mer inspirent Zazou pour une décoration intérieure et un super souvenir pas cher. Elle nous a trouvé un joli exemplaire qui fera un “beau support à bougies” à la maison. Tigrou est chargé de le transporter mais ce dernier le “perds” en cours de route… Il faut croire que la créativité de Zazou n’était pas du goût de tout le monde ! Mais la vengeance est un plat qui se mange froid !

Bientôt la plage laisse la place à des petites falaises en basalte dans lesquelles nichent des mouettes (et probablement d’autres oiseaux moins visibles).

Une fois notre tour terminé, nous partons vers Þórshöfn sur la péninsule de Langanes pour y trouver un camping. Malheureusement celui-ci est plein et il n’y a que très peu de services donc nous préférons repartir vers une petite carrière de graviers que nous avions repéré sur le bord de la route auparavant. Nous nous installons pour la nuit dans un décor digne de la planète Mars avec tous ces graviers rouges.

Objectif du lendemain: Visiter la partie la plus au nord du pays.

Jour 44: Le grand nord Islandais

Le matin, nous partons vers le nord direction Raufarhöfn, le village le plus au nord du pays. En tant que tel, il n’a rien d’extraordinaire – voire même est un peu austère. Pourtant on y construit un monument qui n’a rien à envier à Stonehenge. La Heimskautsgerðið (Artic Henge ou Cromelech Arctique en français) est un grand edifice circulaire en pierre, aligné sur les points cardinaux et qui est construit selon des attributs de la mythologie nordique. Les plus curieux pourront en savoir plus sur le site du projet.

Pour l’instant cependant, il est loin d’être terminé. Seules 5 grosses structures en pierre sont debout: Une pyramide au centre et 4 arches aux points cardinaux.

A Raufarhöfn il y a un tout petit camping avec de l’eau chaude, une douche et un WC. Nous profitons d’y passer pour utiliser la douche et faire une lessive avec l’eau chaude (à la main). Nous rechargons également le réservoir d’eau propre ainsi que nos bouteilles d’eau potable. En effet une petite mamie qui lisait le journal dans son camping-car et avec qui nous avons discuté nous as affirmé que l’eau était potable partout en Islande, même dans les rivières! Ici l’eau coule à profusion: ça nous change de la situation allemande.

Bourriquet étant toujours recouvert de terre, nous passons à la station service du village qui a des balais et de l’eau à disposition pour laver les véhicules.

Ayant fait le tour de Raufarhöfn nous traversons la péninsule et arrivons à Kópasker. C’est un petit village sur le bord de l’océan avec un camping comparable à celui que nous avons quitté et qui fait partie de la camping-card. Nous décidons d’y rester pour la nuit.

Dans ce genre de camping, il n’y a pas d’accueil mais une caisse où on peut mettre les sous de la nuit. Un gardien passe quand même le soir pour venir prendre les paiements des nouveaux venus. Nous espérons donc pouvoir acheter la camping-card directement mais nous n’avons pas assez en liquide et nous avons des doutes sur la faisabilité du paiement par carte… Pourtant peu après, Frita, une vielle dame (encore!) pointe le bou de son nez devant Bourriquet. C’est la personne qui s’occupe du camping et bonne nouvelle: il est possible de prendre la camping card et de payer par CB! Hourra! Nous voilà en règle et avec la possibilité de trouver plus facilement et plus sereinement où dormir pour la suite…

Objectif du lendemain: Dettifoss

Jour 45: Parc National Vatnajökull

Au matin, le temps est menaçant. La météo n’est guère plus optimiste pour la journée. Nous avions prévu de redescendre vers le sud en passant à Dettifoss (une cascade dans un canyon) mais préférons nous arrêter à Ásbyrgi au point d’information du parc. Renseignements pris, nous décidons de remettre ça à demain et de partir découvrir l’autre rive du canyon et ses curiosités géologiques.

Nous empruntons donc la route 862 jusqu’au parking de Vesturdalur puis nous partons sur les chemins de randonnée sous une petite pluie froide. La première curiosité est Hljóðaklettar (les rochers de l’écho). Il s’agit d’un ensemble de rochers aux formes diverses et parfois très géométriques. Difficile de penser que cela a été créé par la nature. Le nom vient du fait qu’il serait impossible de déterminer la direction de la rivière au son à cause des différents échos sur les rochers. Il y a aussi des grottes dont la plus grande est Kirkjan (l’église). Dans cette belle nature Tigrou trouve le parfait caillou avec une forme pentagonale représentatif des roches qui nous entourent. Ce dernier le confie à Zazou le temps de la rando. Il souhaite l’emmener en souvenir à la maison. Zazou profite de cette opportunité pour se venger: le caillou lui glissera des mains quelque part vers Kirkjan!

Une fois ce chaos de roche volcanique franchi, nous arrivons à Rauðhólar (les montagnes rouges). Il s’agit de gros monticules de scories volcaniques rouge et noirs. L’ascension jusqu’au sommet est interdite car celui-ci commençait à s’aplanir du fait des visiteurs, mais nous pouvons tout de même monter jusqu’à un joli point de vue.

Le retour au parking se fait par un chemin plus direct et rapidement nous sommes de retour à Ásbyrgi. Nous décidons d’aller voir ce lieu de plus près. Selon la légende, une des pattes du cheval volant à 8 pattes d’Odin aurait touché terre ici, créant ce cirque en forme de demi-cercle. Une explication plus scientifique serait liée à une éruption sous-glaciaire qui aurait entrainé un gigantesque torrent de boue et de roche et aurait créé ces falaises. Il y a un petit lac au fond (plutôt une mare) alimenté par une cascade quasiment asséchée où on retrouve différentes espèces d’oiseaux.

Le soir arrivant et n’ayant pas beaucoup de choix de camping avec notre camping card dans le coin, nous repartons à Kopasker. Quand nous arrivons là bas, c’est la tempête avec un très fort vent et des grosses vagues. Nous jouons donc la sécurité en gardant le toit fermé et en essayant de nous mettre à l’endroit le plus à l’abri du camping. Même ainsi, Bourriquet tangue de gauche à droite sous les rafales… on se croirait au septième sous-sol du bateau…

Objectif du lendemain: avoir survécu à la tempête et aller à Dettifoss.

Un commentaire sur “Débrief: Semaine 7 – Premiers pas dans l’Atlantique Nord

  • Samuel 24 juillet 2017 at 15 h 39 min Reply

    Tip-Top, les deux vidéos d’oiseaux sont passés sur le PC 😉

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